Louis XIV / Les Croisades / Marie Blachère
Louis XIV (r. 1643 - 1715) : être un monarque, c’est être un acteur de théâtre, c’est jouer. Par le spectacle de sa majesté, le roi pense tenir plus fermement l’esprit de ses peuples que par les bienfaits et les récompenses. Joël Cornette nous présente quelques témoignages sur le comportement singulier du roi. Parmi eux, une lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur à la cour pour le compte du duc de Savoie, qui décrit ses préparatifs avant qu’il n’aille rejoindre ses troupes pendant la guerre de Dévolution (1667- 1668) :
« J’oubliais de faire savoir à Votre Altesse royale que, quoique le Roi soit beaucoup hâlé et amaigri et toujours à l’armée avec le buffle et les cheveux retroussés, qu’il est fort propre et qu’il met beaucoup de temps à s’habiller ; il a la moustache retroussée, il est quelquefois une demi-heure devant un miroir à se l’arranger avec de la cire ; ici, il porte des coins, la cravate, une chemisette de toile, un justaucorps de droguet ; il demeure nonobstant cela et à l’armée et ici plus d’une heure et demie à s’habiller, et assis ; il est vrai qu’il ne s’ennuie pas car chacun lui parle et on lui fait beaucoup de contes d’esprit et pour rire. »
On dirait là, en effet, un acteur de théâtre. Des témoignages de courtisans disent en outre l’attitude affectée que composait le roi en public. Tout cela participait à la construction de l’image d’un être de qualité extra-humaine, une sorte de Jupiter qui frappait la vue de ceux qui le voyaient. Il en fut ainsi pour le colonel d’infanterie Canillac, qui tomba par hasard sur le roi :
« Il l’aperçut donc en entier et d’un seul coup d’œil en le montant, et il en demeura surpris de telle sorte que, la machine suivant l’impression de l’âme, il resta court, sans parole et sans oreilles ; il fut assez longtemps sans pouvoir se remettre. Il s’expliqua, il entendit aussi peu, et redescendit si plein de la vision qu’il venoit de voir qu’il ne pouvoit s’en remettre. Elle fit grande impression sur chacun, et plus de bruit que la prudence ne le devoit permettre. » (Saint-Simon)
Cette question, je l’ai retrouvée ailleurs, dans la série The Crown, sur le règne d’Élisabeth II (de 1952 à 2022) : celle-ci balance entre préserver la « magie de la royauté » qui fait tout simplement « rêver les gens » par son spectacle, et le nécessaire « rapprochement avec ses sujets », exigé par l’âge démocratique.
Le pèlerinage aux Lieux saints est donc bien l’un des éléments primordiaux de la croisade et la définit presque entièrement.
On pense aux Croisades comme à une simple entreprise de conquête. Mais c’est avant tout un pèlerinage vers une ville, Jérusalem, qui restait au Moyen Âge le centre du monde spirituel du chrétien, non seulement par héritage de la tradition hébraïque mais aussi, bien sûr, parce qu’elle a été la scène de nombreux moments du ministère de Jésus. Si la Jérusalem terrestre fut conquise par les musulmans dès le VIIe siècle, il restait aux chrétiens la « Jérusalem céleste », vers lequel il pouvait cheminer spirituellement.
Dès le VIIe, le pèlerinage, parfois contesté, fait partie des pénitences canoniques : pour laver ses péchés, le chrétien se dépouille de ses biens et marche, sans armes, vers la ville sainte, prêt à la souffrance et à la mort. Au XIe siècle, on l’impose ainsi aux fauteurs de troubles qui brisent la paix de l’Église.
Ce pèlerinage est par la suite plus organisé, grâce à la paix qui règne dans la région (christianisation de la Hongrie, contrôle de la mer par la marine byzantine, autorisation du pèlerinage par les Fatimides contre une redevance, etc.). La route depuis l’Europe est balisée par des hospices, souvent d’origine clunisienne. Ainsi, en 1064, le voyage de l’évêque allemand Günther de Bamberg rassembla probablement plusieurs milliers de fidèles.
L’entreprise plus ou moins initiée par l’homélie de 1095 du pape Urbain II à Clermont changea quelque peu la donne, en initiant une entreprise de conquête du Levant, qui avait été cependant préparée « mentalement » par ce rite du pèlerinage. Le croisé, conquérant, n’était toutefois pas pour lui-même ou pour les chroniqueurs médiévaux un « croisé », mais un peregrinus, un pèlerin qui accomplit la pénitence du voyage vers Jérusalem, en tant que miles Christi, « soldat du Christ », cette fois.
Un article de Frédéric Bianchi sur Bfmtv.com m’a appris que le groupe de boulangeries Marie Blachère, dont le premier établissement a ouvert en 2004 à Salon-de-Provence, est désormais le troisième groupe de restauration rapide en France après Mcdonald’s et Burger King ! Le génie de cette marque a été d’introduire le low cost à allure artisanale dans un produit du quotidien. Le groupe n’a pas d’usine, des boulangers font les préparations sur place, mais les prix sont bas, le marketing est moderne (les boulangeries sont situées en périphérie, avec de grands parkings, un pain est offert pour trois achetés, etc.), et la production s’adapte à la demande du client. Trois cuissons sont notamment proposées : bien cuite, dorée et blanche, et c’est cette dernière qui plaît le plus à la clientèle, française ou étrangère, qui préfère la baguette à moitié cuite, très sucrée et au goût neutre.